La question du matériel est une question récurrente et cela n’est pas exclu en ce qui concerne la photo de portrait. Que ce soit les clients, les assistants, une personne qui passe par là au moment du shooting, je peux vous assurer qu’à chaque prestation que je réalise au moins une personne me demande “et sinon c’est quoi votre matériel ?”.
Pour le matériel il y a deux écoles. Ceux qui ne jurent que par ça et ceux qui pensent que la seule chose dont vous avez besoin c’est quelque chose qui fait des photos. Ma vision des choses est moins catégorique. On peut la résumer comme ceci ”Si tu souhaites planter un clou avec un tournevis c’est possible mais avec un marteau cela sera plus efficace”. Donc il faut “bien” s’équiper pour rendre un travail de qualité, pouvoir travailler rapidement le tout dans le but d’être le plus rentable possible (car oui, car le temps c’est de l’argent).
Mon boitier pour une photo de portrait
Il n’y a que très peu de mystère autour du boitier que j’utilise. Pourquoi ? Car c’est un 5D Mark III de chez Canon. Ce boitier a fait sa réputation et n’a plus grand chose à prouver. Comme la marque qui le commercialise. Comme vous aurez pu le voir, au-delà des portraits, je réalise des reportages corporate. J’ai donc besoin d’un boitier qui soit le plus polyvalent possible. Et c’est le cas du Mark III. Un réel cheval de course que ce soit pour du reportage ou du portrait corporate.
Malheureusement, ce boitier n’est plus commercialisé aujourd’hui. Vous pourrez trouver quelques occasions sur Ebay par exemple. Dans la même gamme, Canon a sorti le Mark IV, le 5DSR, 5DS… Ce sont des boitiers de la même gamme bien qu’ils aient plus de fonctionnalités et de pixels… N’étant pas un fan de la course aux pixels (le numéro 1 de chez Canon n’a “que” 20 millions de pixels, allez vous demander pourquoi) j’ai choisi pour second boitier un Canon 6D Mark II. Un tout petit peu plus de pixels que le Mark III, quelques fonctionnalités supplémentaires et deux fois moins cher que les grands frères du Mark III. Update : mon Canon 6D mark II est aujourd’hui mon boitier n1. Bien qu’étant de la gamme inférieur, il est bien au dessus de mon vieux mark III. Je l’utilise pour la totalité de mes photo de portrait.
Si j’ai la chance un jour de pouvoir acquérir un boitier avec beaucoup plus de pixels cela sera un moyen format. Probablement un Phase One (attention en cliquant sur ce lien si vous n’êtes pas familier avec les prix des moyens formats). A ce moment-là j’aurai un boitier dédié au portrait corporate et un au reportage.
Les optiques (objectifs) que j’utilise
Je fais tous mes images au 85mm ou bien au 50mm. Le 50 mm restant mon objectif de prédilection pour la photo de portrait. Il est bien plus petit que le 85mm et me permet de faire des photos en pied ou plus sérrées. Tous mes objectifs viennent de chez Sigma, la série Art. Les optiques sont très bien finies, d’une grande qualité et deux fois moins chères que des optiques Canon ou Nikon.
Flash ou lumière naturelle ?
Sans débat en ce qui me concerne : tout au flash ! Me reposer uniquement sur la lumière naturelle est une trop grosse prise de risques. Avec les flash vous maitrisez votre lumière. Le portrait corporate nécessite d’être constant dans l’éclairage. Et cela est d’autant plus vrai lorsque vous photographiez plusieurs personnes d’une même société. Avec le soleil comme lumière principale, celle ci ne sera jamais la même. Nuages, soleil qui tourne… Alors que vos flashs eux ne bougeront pas !
Des flash oui mais quel modèle ? Avec l’arrivée des fabricants de flash chinois le marché de la lumière a explosé. Godox, Profoto, Elinchrom, Broncolor, Helios, Metz… autant de marques pour autant de prix. Personnellement je n’ai pas envie de prendre de risque avec des flash low-cost et me retrouver en panne lors d’un shooting. C’est votre réputation qui est en jeu. Imaginez, vous arrivez à convenir d’une date avec un client, ce client réussit à réunir tous ses collaborateurs et vous devez arrêter le shooting parce que vos flash n’ont pas supporté la cadence. Ca marque mal. Donc exit pour moi tous les flash chinois.
Je préfère miser sur une marque européenne avec un modèle bas ou milieu de gamme plutôt qu’un modèle haut de gamme chinois. Quand j’ai commencé la photo j’ai investi dans un Kit Elinchrom. Deux têtes de 400 joules avec deux boites à lumières carré de 65 cm. C’est une marque Suisse et c’est très bien pour commencer. Si vous ne maitrisez pas la lumière, que vous n’avez pas beaucoup de commandes il n’est pas nécessaire d’investir beaucoup au début.
Après 4 années de loyaux services, j’ai abandonné mes Elinchrom pour des Profoto. J’ai investi dans une paire de Profoto B10. Petits, puissants, autonomes, ultra-portatifs, très réguliers, simples d’utilisation je ne regrette pas mon investissement.
Les modeleurs au bout des flash
Comme j’avais déjà pas mal investi en termes de modeleurs chez Elinchrom j’ai voulu tout conserver. J’ai simplement acheté des adaptateurs pour pouvoir les monter sur les têtes Profoto. J’utilise quasiment toujours le même schéma si l’espace le permet. Ma lumière principale vient de droite. J’utilise une grosse boite à lumière. Généralement une 135 cm ou une deep de 100 cm. Mon modèle est légèrement tourné vers la droite et la boite est perpendiculaire à lui. Elle n’est pas orientée directement sur lui, ce qui crée plus de modelé. En lumière secondaire j’ai une boite plus petite. Une deep de 70 cm. Une boite que j’affectionne particulièrement. Je l’utilise aussi parfois seule pour des portraits plus artistiques.
Au niveau du placement, comme je vous l’ai dit, la principale à droite du modèle, perpendiculaire à lui et à sa hauteur. La lumière secondaire, à 45 degrés (en hauteur et latéral) à gauche du modèle pour déboucher. Au niveau de la puissance la lumière principale représente 2/3 de la puissance totale (environ…). Je réfléchis à investir dans des parapluies avec diffusion. Ils sont plus légers et plus simples d’utilisation que les boites à lumière.
Les fonds
Afin d’être sûr d’avoir un endroit où faire poser vos modèles, vous devez apporter votre propre fond. Il en existe de plusieurs types. Fond papier, fond vinyle, fond tissu… J’affectionne particulièrement le papier car il y a un grand choix de couleurs ! Cependant le problème du papier c’est que c’est du consommable, qu’il faut un support de fond pour le poser et à monter seul c’est assez fastidieux. J’ai donc investi il y a peu dans un fond pliable.
Une face blanche et une face grise neutre. Grâce à ces deux couleurs je peux avoir toutes les nuances de gris que je souhaite. Pour cela il faut jouer avec la distance entre le modèle et le fond. Le fond se plie et déplie un peu comme une tente deux secondes. Pas besoin de support de fond pour le poser. Je mets environ 7 minutes pour monter un fond papier seul alors qu’avec un fond pliable en moins d’une tout est réglé ! Il existe de nombreux modèles. Attention de ne pas en choisir un trop petit sinon vous serez obligé de rajouter de la matière sur photoshop à chaque fois !
En résumé
Comme vous aurez pu vous en rendre compte la photo de portrait peut vite nécessiter de l’investissement si l’on veut faire ça bien. Beaucoup diront que c’est pas la peine d’avoir tout ça mais pour moi cela me semble indispensable. Indispensable pour travailler vite et bien. L’investissement n’est pas tant dans la quantité mais la qualité des choses à acheter .
Un conseil, commencez petit, en accord avec vos commandes et lorsque vous commencerez à travailler plus régulièrement la transition vers du matériel plus cher et de meilleure qualité se fera naturellement. Un jour votre matériel d’entrée de gamme ne répondra plus à vos exigences et vous achèterez quelque chose de la gamme haut dessus sans vous poser (trop) de questions.